Le rôle des CPTS se distingue sur plusieurs axes :
1. Faciliter l’accès à un médecin traitant et aux soins de premier recours
Face à la pénurie médicale et à la progression du nombre de personnes sans médecin traitant (près de 6 millions au total, selon la Drees en 2022), les CPTS expérimentent différentes modalités :
- Actions proactives pour réaffecter des patients à des médecins suite à des cessations d’activité, comme en Sarthe où la CPTS de la Couronne Mancelle a organisé une cellule de recensement et d’orientation (source : Sarthe.fr).
- Création de guichets uniques d’accès aux soins non programmés, permettant aux pharmaciens et infirmiers d’orienter les patients au bon endroit, y compris vers la téléconsultation.
- Veille sur les situations d’isolement médical, avec l’usage de systèmes d’information partagés pour éviter les ruptures de suivi.
2. Organiser la réponse aux soins non programmés et désengorger les urgences
Une mission centrale des CPTS est la gestion des soins non programmés (SNP) pour réduire la tension sur les services d’urgences. Par exemple, la CPTS Rhône Centre, à Lyon, a mis en place une plateforme regroupant volontaires médecins généralistes, spécialistes et paramédicaux pour des créneaux de consultations sans rendez-vous, notamment les week-ends. Entre 2021 et 2023, cette CPTS estimait avoir réorienté plusieurs milliers de passages des urgences vers la médecine de ville (CPTS Rhône Centre).
- Recensement numérique des plages de consultation disponibles
- Organisation de parcours rapides avec transport coordonné pour éviter l’hospitalisation inutile
- Mise en réseau avec les services de régulation médicale (Samu, SAS - Service d’Accès aux Soins)
3. Développer la prévention et les démarches populationnelles
Les CPTS incarnent une nouvelle approche territoriale de la prévention, souvent en partenariat avec les collectivités et les associations locales :
- Actions de dépistages articulées sur un secteur donné (par exemple journées du diabète ou du cancer colorectal, mobilisation des pharmacies et des infirmières libérales)
- Initiatives de sensibilisation sur la santé mentale et sur la vaccination antihivernale
- Co-construction d’ateliers d’éducation thérapeutique, s’appuyant sur des structures d’appui (Maison de santé, centres sociaux)
Certaines CPTS vont jusqu’à cartographier les fragilités de leur territoire (précarité, isolement) à travers des enquêtes, ce qui permet d’adapter les actions en fonction des besoins précisément identifiés (INSEE, Drees).
4. Coordination des parcours complexes et lien ville-hôpital
Les CPTS assurent un rôle d’« architecte » des parcours, notamment pour les personnes âgées, handicapées, ou présentant des maladies chroniques. Plusieurs dispositifs innovants émergent :
- Équipes de coordination pluridisciplinaires intervenant pour des retours à domicile post-hospitalisation
- Mise en place de projets de soins partagés pour éviter les ruptures dans la prise en charge
- Outils numériques mutualisés pour transmettre informations et alertes entre professionnels
Ce travail se réalise en lien étroit avec les dispositifs d’appui à la coordination (DAC), les services hospitaliers et le médico-social, pour créer de nouvelles synergies.